04.12.2014

PMA, Couple et Combat ~ 

Oui la PMA c'est beau, c'est bien, c'est génial, c'est surtout un grand pas un avant. Mais pour le couple aussi. 

Un couple c'est quoi ? Deux personnes qui s'aiment. Et quand un couple décide d'avoir un enfant, c'est un couple qui s'aime plus que tout, qui n'a pas de limites, et qui est surtout pret a se tester au maximum. Mais quand un couple décide d'avoir un enfant mais en passant par la case pma c'est une autre histoire. Ce n'est plus ce "bébé de l'amour naturel", c'est un bébé de l'amour, un bébé miracle, fais par calculs et doses hormonales, et là c'est tout de suite beaucoup plus compliqué. Dites bonjour aux piqûres, aux calculs, mais surtout au revoir à votre intimité, à votre pudeur, et à vos calins à dates non définies. 

La pma c'est non seulement un combat de tous les jours pour avoir un enfant mais également un combat de tous les jours pour maintenir son couple à flots. Ca a pas l'air comme ça, mais en réalité c'est bien plus compliqué qu'il n'y paraît. Imaginée cinq secondes ce que vous ne pouvez pas avoir d'enfant naturellement, donc que vous ne pouvez pas offrir d'enfant à la personne que vous aimez. C'est un sentiment horrible n'est ce pas ? Et birn maintenant imaginez que vous devez vivre avec ce sentiment 24h/24 pour une durée indéterminée, pour moi ça fait deux ans que ça dure. 

Finalement toute notre vie de couple tourne autour de ca, des rdv pma, des echos pma, des inséminations par la pma, des échecs à la pma, on parle au moins une fois par jour de la pma. Sauf qu'au final on se monte chacun la tête dans un sens différents car nos attentes divergent au fur et à mesures. Et finalement si on n'en parle pas on ne se comprends plus. 

Par exemple, mon mari a l'impression que ma vie ne tourne plus qu'autour de ça, et que je ne serais pas heureuse tant que je ne serais pas maman. Alors que pour moi ce qui me rend malheureuse c'est de ne pas pouvoir faire de lui un père.. 

Tout notre couple tourne autour de malentendu dans ce style, et quand finalement ca sort on est malheureux. 

Alors forcement a un moment la question se pose, meme les questions se posent : jusqu'où tiendra t'on ? Jusqu'où ira t'on ? Mais surtout, est ce que ca en vaut vraiment la peine ? Le bébé ou mon couple ?  Comme ça ca parait evident, mais c'est bien plus compliqué. 

Alors à chaque fois on repousse nos limites, mais à chaque fois on est bien conscient que cette insémination, que cette fiv sera peut être la derniere, que ce cycle pourrait être le dernier mais qu'il pourrait également marquer la fin de notre couple. 

Je ne me vois pas vivre sans enfants, mais je ne veux pas détruire mon couple. Je ne veux pas non plus tout arretée maintenant Parce que je sais que ça va marcher et que je ne m'arrêterai pas sur un échec. Alors avoir la pression de se dire que c'est peut être le derniere chance ca fait mal. Et ça rajoute du stress, la première chose à laisser de côté quand on passe par là. 

Il est difficile de comprendre pour la personne non stérile le sentiment de celui qui l'est, ce sentiment d'impuissance face à ce que la nature a décidé pour nous. Mais il est également difficile à comprendre ce que la personne qui justement elle n'a pas de problèmes ressent. Ce qu'un homme ressent face à sa femme qui doit faire subir à son corps tout un tas de traitement qu'il en soit en partie "responsable" ou non. 

Un homme impuissant qui aura plus vite envie de tout arrêter alors que la femme elle ira jusqu'au bout. 

Pour la plupart des femmes le schéma d'une vie est simple : un homme, un mariage, des enfants. C'est quelque chose de naturel et d'innés chez nous. Tres peu de femmes ne voudront pas d'enfants dans leur vie et ce venant d'elle meme. Je ne parle pas des femmes qui n'auront pas d'enfants car elles n'auront pas trouvés le bon pere. 

Trouvez un homme "parfait" à sa façon, et lui donner une famille.. Quoi de plus merveilleux ? En tout cas pour moi il n'y a rien de mieux. 

Dans notre cas je sais que mon mari est à bout, à chaque fois je repousse ses limites mais je sais qu'il pourra craquer du jour au lendemain et tout envoyer balader. Ca met une pression monstre, surtout quand on l'entend dire qu'il pourra "vivre heureux toute sa vie sans enfants", lui peut être mais pas moi. Tout arreter maintenant signifierai également arreter au stade fiv tant attendu, pour reprendre au meme stade ou meme a un stade inférieur dans cinq ou dix ans. Je ne veux pas repasser par toutes ces étapes, je fais subir tout ça a mon corps pour une bonne raison avec un objectif birn précis, pas pour tout stopper maintenant pour rien. Non il m'est juste impossible de tout arreter, mon mari l'étend, j'entends sa version, mais sur ce coup on ne trouve pas de terrain d'entente. Alors c'est égoïste, mais je le pousserai au bout de ses limites, aussi loin que je pourrai pour parvenir à notre but commun : avoir un enfant. Il a peut être deja baissé les bras mais pas moi. Il n'y croit plus, moi qui. Je ne vois pas pourquoi ça marcherai pour certain mais pas pour nous. Pourquoi des femmes tombent enceinte sous pilule et nous apres 5 stimulations, 2 inséminations et au moins une fiv on y aurait pas droit. On a le droit de connaître ce bonheur comme toute femme. 

D'autant plus que dans notre cas, c'est où ca ou rien. Je serais prete a faire appel à un don d'ovule mais je n'en ai pas besoin, à une mère porteuse mais c'est interdit, et l'adoption c'est non. Mon mari est contre, c'est clair et net. Non négociable. Il me l'a dit de lui meme, il préfère vivre sans enfants toute sa vie que d'élever ceux qui ne sont pas les siens. C'est dur mais c'est son choix et je le respecte. Alors qu'il me laisse aller jusqu'au bout de tous ces traitements, je ne me verrai pas vivre toute ma vie avec l'homme dont je n'ai pas pu faire de lui un pere. C'est juste impossible. 

Toutes ces choses sont dures à entendre, dur à vivre, et pourtant c'est notre quotidien. Mais je sais, et je garde en tête, que tout s'effacera le jour où notre bébé sera dans nos bras. 

Je me souviens de ma grossesse, ont etaient redevenu ce couple, le notre, celui dont tous les malheurs s'étaient envolés, celui pour lequel plus rien n'avait d'importance puisque nous avions réussis. Nous retrouverons ce couple là, un jour nous serons à nouveaux les plus hzureux et cette idée ne me sort pas de la tête, c'est mon objectif, et je sais qu'on réussira. C'est cette pensée qui m'aide à avancer.