En ce moment ma tête bouillonne d'envie d'articles sur différents sujets. J'ai tellement de choses à écrire, a raconter. Non pas que ma vie soit passionnante mais ici c'est - et ça a toujours été - mon déversoir. Parce qu'ici je peux raconter tout ce que je veux, comme je le veux. Cette barrière qu'est Internet, qu'est le virtuel aide tellement. Avant mon déversoir c'était aussi Instagram. Aujourd'hui je ne me le permets plus, tout à tellement changé là bas.
Partis tous les sujets dont j'aimerai vous parler, je vais trancher et rester en accord avec la date du jour ; mon boulot. Mon métier. #soignesettaistoi.
Je suis auxiliaire de puériculture -en crèche- et pour celles qui me suivent depuis longtemps vous savez que j'ai été en arrêt à plusieurs reprises lors de mon dernier poste. La raison majeure de mes arrêts a été la PMA. Faut être honnête, les traitements, les enchaînements, ont fait que physiquement c'était dur. Mais moralement ça l'était d'avantage. J'ai même fait deux burn out en cinq ans de carrière. Oui cinq ans. Deux burn out. Le premier j'étais tout simplement trop fragile pour travailler avec des vipères. Mais le deuxième c'était l'accumulation. En dehors du fait d'entendre chaque jour des parents se plaindre de leur enfant pour un "pet de travers" alors que toi, tu mets tout en œuvre pour arriver à entendre un bébé pleurer, mais le tiens cette fois, pas ceux des autres. Il y avait en jeu mes conditions de travail. NOS conditions de travail. Parce que sachez, mesdames et messieurs, les infirmiers, médecins, aide soignants, ASH,... que nous auxiliaires nous sommes à l'hôpital mais nous sommes aussi en crèche. Et qu'en crèches, nous subissons depuis des années, ce que vous subissez aussi. Alors non, il ne s'agit pas d'un concours de qui en souffre le plus. Je tiens juste à faire entendre, que nous aussi, on galère au quotidien. Et que, croyez le ou on, c'est tout aussi difficile, comparable, et invivable qu'en milieu hospitalier.
S'occuper de 18 enfants seule, c'est aussi difficile qu'avoir dix minutes maxi pour la toilette d'un patient. Parce que seule nous avons aussi 6 bébés à faire manger dans la demi heure (biberon comprit), nous avons 12 grands à changer dans le même temps. Les repas dure une demie heure. Nos collègues absentent ne sont pas remplacées non plus. Et vous savez quoi ? Nous n'avons même pas le droit d'appeler la directrice avant 9h30. Oui oui. Alors on cherche des solutions, on appelle les filles en congés, les filles à mi temps. Pas d'intérimaire, oh non, c'est bien trop cher. Et on fait des heures supplémentaires. Bah oui. Normal. De toute façon on va pas laisser sa collègue seule avec deux groupes jusqu'à la fermeture. Ah oui, on a pas le droit.
Sans parler du nombre de fois où, avec une gastro, je sus venue ouvrir la crèche pour ne pas laisser seule ma collègue, oh parce que j'avais été la seule à avoir la clé, et que je me faisais reprocher d'être venue par la direction parce que "quand on est malade on reste chez soi", ou bien parce qu'après 2h30 de travail à vomir, je demandais à rentrer chez moi.
Il y a aussi une question d'effectif ; combien de fois on se retrouve à remplir la crèche pour avoir plus d'aide de la CAF alors que nous on en peut plus. Combien de fois on s'est retrouvés à trouver des solutions parce qu'on avait lus d'enfants que de lits, alors que nous sommes censées respecter la pédagogie LOCZY (qui consiste -entre autre- à fournir à l'enfant des repères, comme le dormir toujours dans le même lit). Et les bureaux qui nous augmentent un peu mis chaque années le nombre d'enfants à charge. 1 pour 9... 1 POUR 9. Vous vous rendez compte ? 9 enfants de moins de trois ans à prendre en charge seule ? Quand en plus ils sont en inter âge. C'est à dire, tous ensemble dans la même puce qu'ils aient 2 mois ou trois ans. Dans ces cas là, une collègue gère les bébés, une les moyens, une le grands. Sur le papier c'est beau hein ? Et pourtant les bébés se retrouvent à 6, les moyens à 4, les grands à 8 ou 9. Et sur la pédagogie à laquelle on se rattache, on ne devrait pas s'occuper des enfants qui ne sont pas dans son groupe. Vous imaginez ? On se retrouvait seule à gérer six bébés qui devaient prendre le biberon à la même heure ? Et comment on dépecé un bébé de trois ou quatre mois qui boit un' biberon ? Les repas simultanés étant interdits ?
Mon quotidien était rempli de ce genre de choses, de remplissage a blocs des sections, des collègues absentes non remplacées, des solutions à trouver quotidiennement,... mais surtout de travail à la chaîne. 9 couches, 20 Minutes max. faites le calcul. Combien de temps pour chaque enfant ? Et le repas, six bébés, moins d'une heure.
Faut dire que nos horaires étaient mal foutu.. la première pause de 12h30 à 13h pour celle qui gère les bébés (et encore quand il n'y avait pas réunion sinon c'était de midi à la demi). À 12h30 donc, les bébés doivent avoir tous dormi, tous mangés, et doivent tous être changés. Souvent ils se réveillent à la chaîne entre 11h et 12h. Et donc on enchaine aussi ; lever, couche, repas. Lever, couche, repas. Imaginez. Et ça quand on doit pas en lever deux d'un coup.
L'autre collègue enchaîne sa pause au retour de la première : de 13h à 15h. Déjà si on part sur la base : pas de temps de relève de prévu. Pareil au retour de pause puisque l'autre fini sa journée. Donc là c'est au bon vouloir des équipes et de chacun es pour prendre sur son temps perso, parce qu'une relève c'est important. C'est ESSENTIEL. Et ça prend plus de cinq minutes. Sans compter l'éventuel coucher ou lever de dernière minute. Bref, a 13h la deuxième qui s'occupe des grands devaient avoir changes et endormis tout son groupe dans la demi heure de pause de l'autre. Imaginez encore. Et celle à mi temps qui s'occupait des moyens est partie entre 12h et 13h au mieux. Alors oui, il y a des regroupements de sections, mais pour la surveillance pas pour faire manger Intel ou Intel de l'autre groupe. Surtout pas. Hors projet. Et pour finir le soir, les fins de contrat des enfants étaient à 18h30. Sauf que c'est aussi censé être notre fin de journée à cette heure là. Donc on fait quoi ? On range pas ? On ne nettoie pas ? On met l'enfant dans le sas habillé ? On ne raconte pas sa journée au parent ?
Et bien sûr, chaque jour, nous devions être souriantes, disponible, a l'écoute des enfants et leurs parents. Jusqu'au jour où, j'ai craqué. En plein milieu de ma section, j'ai pleuré. Pleuré devant des parents qui venaient déposer leur bébé alors que j'en avais déjà six en charge et que depuis 7h30 nous essayions de trouver une solution à ma collègue absente dont on accueillait les enfants qu'on ne connaissaient pas. Et ce jour là j'ai dis stop. Je me suis arrêtée.
Voilà une partie de ce que je vivais au quotidien. Nous ne portons pas la blouse mais nous subissons aussi. Et c'est dur. Alors j'admire, et je remercie, mes collègues qui ont tenues bon, et qui le font encore. Qui ne s'absentent jamais. Merci à vous, merci d'avoir supporté, et remplacé les miennes. Merci d'avoir apportes aux parents ce que je ne pouvais plus leur offrir. Merci à vous. Et même si beaucoup oublient, et que personne ne nous entend, moi je vous entend, moi je pense à vous.
'Nous sommes tous des Blouses Blanches même en Crèche, ne l'oublions pas. #lesAPdanslememepanier
Les prochains articles seront plus centres maternité, mais celui ci me tenait à cœur. Une fois de plus je ne demande pas un concours de ce que les soignants vivent en milieu hospitalier et nous en crèche. D'ailleurs je participe à cette grève, et je me place dans les deux camps. Parce qu'il' n'y a pas de camps. Ce n'est pas parce que nous travaillons dans le social que nous devons être oubliés. TOUS. TOUS ceux qui s'occupent des humains de manière générale. Pour s'occuper de l'homme, il nous faut pouvoir se sentir homme et non machine.
3 commentaires:
Je suis assez d'accord sur le principe de cette grève mais à lire ton article, j'ai vraiment l'impression que tu t'es plus trompée de voix... Je ne cherche pas à faire de polémique (et j'imagine que tu vas effacer mon commentaire après) mais vraiment on sent que tu es dégoûtée du métier... Et c'est dommage pour quelqu'un qui aime les enfants et qui se bat pour en avoir... J'avoue ne pas avoir lu tout ton blog (oui tes articles sont très longs) mais j'en ai lu certains et quand on connaît ton combat, je comprends pas que tu ne sois pas plus "combative" vis à vis de ton travail...
Je suis infirmière et je fais également des heures sup' et des choses qui ne rentrent pas forcément dans mes attributions mais on se donne à fond parce que c'est les patients qui sont au centre et non nos intérêts... Travailler dans le social, c'est justement mettre de côté ceux-ci... Donc meme si parfois c'est de l'exploitation, ça reste une passion (enfin pour moi après je sais pas du tout si toi c'est ton cas).
Ma meilleure amie est AP en crèche et elle adore son métier et même si elle est obligée de se démener parce qu'y a plus d'enfants que ce qui est prévue (comme tu le dis si bien dans ton article), elle se donne à fond pour son métier. Elle est fière de dire qu'elle travaille en crèche et qu'elle fait ca pour aider les enfants à se développer et permettre aux parents de les aider...
Après j'ai peut être pas su lire entre les lignes et donc j'ai pas tout compris... Je voulais juste, à l'aide de se commentaire, t'aider à prendre du recul par rapport à cette situation car en lisant ton article, j'ai un portrait de quelqu'un qui veut changer de voie et non de quelqu'un qui veut faire changer les choses... Je me trompe peut être !
Caroline G.
Non je ne vais pas effacer ton commentaire. Je pense juste que tu ne me connais pas assez pour comprendre ma situation. Je suis passionnée par mon métier, je l'aime et ne me voit en exercer aucun autre. J'ai la passion de ce métier. Il faut juste comprendre qu'à la longue certaines choses sont tres usantes et que si j'ai fini en dépression c'est suite à l'accumulation. A aucun moment je ne me suis plains du comportement d'un enfant, ou de mon groupe à charge. C'est un coup de gueule contre les conditions de travail et non pas le travail. J'aime ce que je fais, et m'occupe des enfants avec le plus grand plaisir. Restez souriante pour eux c'est ce que je faisais chaque jour, même quand ça n'allait pas. Et c'est justement le fait d'être passionnée par son métier que de savoir se remettre en question et s'arrêter quand ça ne va plus. Et c'est ce que j'ai fait en m'arrêtant. Pour ce qui est du côté combative tu ne m'as pas cernée ne serais ce que le minimum. Ce blog n'est qu'une infime partie de mon vécu, et la force qu'il faut avoir, la combativité font j'ai fais preuve pendant plus de trois ans en sont la preuve. Beaucoup dans ma situation ont déjà baissé' les Bras ou fais des pauses, moi jamais. Bref, c'est important de savoir à qui on parle, où au moins de chercher à le savoir avant de porter des jugements tels que "tu t'es trompée de voix"
Je n'avais pas vu ta réponse. Il ne faut pas confondre jugement et constatation... t'as réponse me déçois légèrement... Tu réponds vite par l'attaque alors que je ne t'attaquais point... Je ne t'ai pas cerné peut-être ("c'est important de savoir à qui on parle"> redescends de ton pied d'estal, je parle d'égale à égale, je ne me mets pas plus haute que toi) mais tu m'as encore moins cerné car je ne juge pas sans savoir puisque comme tu le dis, je ne te connais pas.
J'ai vraiment fait une constatation suite à la lecture de ton article car j'ai l'impression que tu mélanges ton combat pour la PMA (qui est vraiment quelque chose que je trouve admirable) et ton travail. Dans ton article tu parles des conditions de travail et j'ai bien compris, elles sont déplorables. Mais pour moi quelqu'un qui aime son travail et qui veut que ça change, il faut savoir être patient et prendre du temps pour faire bouger les choses... Rien n'est impossible à moins de baisser les bras... C'est et ce sera toujours le problème dans le secteur du social malheureusement... J'imagine que tu ne reprendra plus dans cette crèche mais j'espère (et pour ta passion) que tu ne t'arrêtera pas définitivement.
Je conclurais simple par te dire qu'écrire ce genre d'article, c'est aussi savoir accepter les commentaires de ce type (qui n'ont rien de méchant encore une fois).
Caroline G.
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